Mon conjoint est pédophile

Patrick Blachère, expert psychiatre, sexologue, vice-président de l’Association Interdisciplinaire post Universitaire de Sexolologie (AIUS) :

Peut-être que l’on pourrait parler de la symbolique pédophile, dans la relation sexuelle. C’est vrai que cette fantaisie pédophile peut parfois être vécue de façon symbolique, notamment par une sorte de déguisement. Par exemple vouloir déguiser sa partenaire en fillette ou en écolière. C’est une fantaisie sexuelle qui est souvent rapportée, et qui doit effectivement, peut-être, faire poser la question à celui qui la rapporte ou qui la vit, d’une éventuelle excitation sexuelle pédophile. Mais c’est une façon symbolique de le vivre.

Ça pose problème ou pas ?

Ça peut poser problème dans le couple. Effectivement, la partenaire peut se demander si le plaisir que son conjoint a, à la voir revêtir des vêtements de fillette, ne pourrait pas poser problème avec sa propre fille ou sa propre belle-fille. Bon, tous les sujets qui ont ce type de fantaisies n’ont pas forcément des fantaisies pédophiles. Mais dans la relation sexuelle, on peut vivre nos fantasmes, qu’ils soient d’ordre sadique, qu’ils soient d’ordre exhibitionniste. Vivre des fantasmes pédophiles doit quand même, peut-être, nous inquiéter plus.

Latifa Bennari, fondatrice et présidente de l’Association L’Ange Bleu :

Je suis assez surprise et je félicite beaucoup les gens qui font appel à moi pour aider leurs proches. C’est-à-dire un compagne, une épouse qui découvre dans l’ordinateur de son mari des images à caractère pédophile et qui au lieu d’aller le dénoncer ou de prendre sa valise comme on faisait avant, elle essaye de l’aider, elle essaye de l’écouter. Parce qu’elle parle avec lui, et elle découvre une certaine sincérité, et elle découvre surtout une grande souffrance par rapport à cet enfermement, cette prison virtuelle. Et elles font appel à moi, et ce qui est vraiment fabuleux, c’est qu’elles le disent « j’ai envie de l’aider mais je ne sais pas l’aider. Montrez-moi comment je peux l’aider », et ça c’est vraiment merveilleux, parce que ce côté humain touche beaucoup plus le consommateur, et c’est la meilleure manière de se sevrer.

Alors qu’est-ce que tu leur dis à ces gens, à ces femmes, à ces mères ?

Alors la première des choses que je leur dit c’est : « Il faut que ce soit lui qui me contacte ». Il n’y a pas d’aide par intermédiaire. Et c’est ce qui se passe. En général, c’est elles qui cherchent de l’aide et elles me trouvent, et elles m’appellent pour me dire : « Comment ça va se passer ? Voilà le profil de mon compagnon. Il m’a assuré qu’il ne passe pas à l’acte… ». C’est vrai que quand on me décrit le profil d’un consommateur, j’ai l’impression de les connaître tous, ça se passe de la même manière. Et lorsqu’elles constatent mes compétences, elles me font confiance et l’étape suivante, c’est l’appel du consommateur. C’est pour ça que maintenant, de plus en plus de pédophiles virtuels m’appellent en me disant : « C’est ma femme qui vous a appelé ou c’est ma mère, est-ce que je peux vous rencontrer ? », et en général ça se passe très très bien.

Patrick Blachère, expert psychiatre, sexologue, vice-président de l’Association Interdisciplinaire post Universitaire de Sexolologie (AIUS) :

Parfois il serait intéressant d’accompagner le couple ou l’un des deux partenaires, le conjoint de l’auteur, dans la mesure où cela serait peut-être utile que la personne condamnée ait une sexualité plus épanouissante dans son couple, pour le préserver d’un éventuel passage à l’acte. C’est peut-être la seule chose que la loi pourrait améliorer, la possibilité de prendre en charge les gens en couple, notamment en matière de pédophilie ou d’inceste, quand le père ou la mère est incestueux et que le couple reste stable.

L’intégralité de chacun de ces entretiens est disponible gratuitement sur notre site internet et sur notre chaîne YouTube.