L’enfant dans le lit des parents
Ève Pilyser, psychologue clinicienne, psychanalyste jungienne, membre de la Société Française de Psychologie Analytique et de l’Association de Psychanalystes et Psychothérapeutes Jungiens :
Entre zéro et cinq ans un enfant change énormément et ça va très très vite. Donc ce qui est bon pour lui à un âge devient mauvais à un autre âge. Et c’est ça qui est très important. Donc un nourrisson qu’on va prendre dans le lit parce que tout bêtement c’est beaucoup plus facile quand on allaite – et ça ne pose aucun problème que son petit berceau soit à côté, et sa mère le prend, et le met dans le lit, et elle allaite couchée sans trop se réveiller, puis quand il a fini elle s’est endormie et ce n’est pas grave, et puis elle se réveille en milieu de nuit elle le remet… voilà. Aucun problème.
Là c’est un cas très précis, très concret.
Oui, mais c’est très important de pouvoir s’autoriser ça. Mais par contre, ne pas le laisser s’éterniser. Il arrive un moment, quand l’enfant fait ses nuits, quand la sexualité des parents a repris… Et là aussi, il faut que cela prenne son temps, ça n’a pas à être trop rapide, il faut laisser le temps à la mère de ressentir à nouveau du désir. Tout ça est important. À partir de ce moment-là, l’enfant va pouvoir venir dans le lit, mais pour faire un câlin du matin ou un câlin du soir ou quand il a un gros cauchemar, pour être consolé, et puis se rendormir dans le lit mais être ramené dans son lit à un moment donné. Et puis, il va y avoir une autre étape, il va se rendormir dans son lit, on pourra rester un petit peu à côté de lui, attendre qu’il se rendorme. Et puis autre étape, il se rendormira tout seul, et le lit ne sera plus « ouvert » mais il pourra y avoir irruption le dimanche matin – je vous donne un exemple – mais le lit étant plutôt fermé. Tout ça entre zéro et quatre, cinq ans. Après il y a les canapés, les fauteuils. Il y a un âge. Il y a la petite enfance jusqu’à cinq, six ans et ensuite c’est l’enfance avec la phase de latence, c’est-à-dire une phase où l’enfant va vers l’extérieur, vers le social. Il développe ses relations sociales, sa scolarité. Il est tourné vers l’extérieur et le lit des parents à ce moment-là, doit devenir vraiment l’endroit de leur sexualité auquel il n’a plus accès. Ce n’est plus également l’endroit – un certain endroit – du réconfort face aux mystères inquiétants de la nuit et du sommeil et des rêves.
L’intégralité de chacun de ces entretiens est disponible gratuitement sur notre site internet et sur notre chaîne YouTube.