Tourisme sexuel : quels risques ?
Qui sont les touristes sexuels ?
Anko Ordonez, responsable de la communication de ECPAT France, ONG dont la mission est de lutter contre l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales :
Il y a une mauvaise nouvelle, c’est qu’il n’y a pas vraiment de profil. On ne peut pas reconnaître un touriste sexuel. On peut pas prévenir, on peut pas arrêter quelqu’un parce qu’on est sûr qu’il va voyager dans l’intention de recourir à la prostitution enfantine. La bonne nouvelle, c’est qu’on peut distinguer deux types de profils. Il y a un profil de touriste sexuel préférentiel : c’est celui qui choisit sa destination en fonction de « l’offre » de prostitution enfantine qu’il va trouver sur place. Il y a un autre profil, qu’on appelle « touriste sexuel occasionnel ». Ce sont des personnes qui passent à l’acte dans un contexte festif, dans un contexte d’anonymat. On se permet des choses qu’on ne ferait jamais chez soi. Parfois, on atterrit dans des pays où, à la réception d’un hôtel, on peut vous proposer des mineurs en situation en prostitution, ou vous pouvez en croiser dans des lieux qui ne sont pas forcément indiqués en tant que tels : des boîtes de nuit, des salons de massage, des bars, des restaurants.
Quand on est un touriste français, qu’est-ce qu’il se passe si on a une relation sexuelle, avec une mineure, dans un pays étranger ?
Il y a différents types d’infractions sexuelles. Il y a d’un côté le recours à la prostitution enfantine. C’est un abus sexuel avec contrepartie, qui peut être de l’argent, mais pas forcément. Ça peut aussi être de la nourriture, un abri, un logement, une protection. Et il y a l’abus sexuel sans contrepartie. C’est-à-dire l’abus sexuel qui est généralement un abus sexuel intrafamilial, ou une agression sexuelle, ou un viol. Nous, nous travaillons principalement sur les cas de prostitution, de recours à la prostitution enfantine.
Dans ce cas-là, on risque quoi, si on est Français, dans un pays étranger ?
Alors, si on est Français, qu’on soit en France, ou à l’étranger, la loi est la même.
Peu importe la loi du pays ?
Ça dépend. Si on est poursuivi sur place, par les autorités locales, où on sera condamné selon la législation locale. Par contre, si on n’est pas poursuivi – ce qui arrive malheureusement très souvent -, on peut être poursuivi à notre retour de voyage en France.
L’intégralité de chacun de ces entretiens est disponible gratuitement sur notre site internet et sur notre chaîne YouTube.