Qui sont les consommateurs d’images pédophiles ?
Magali Teillard Dirat, psychologue clinicienne au Centre Ressources pour Intervenants auprès d’Auteurs de Violences Sexuelles (CRIAVS) Languedoc-Roussillon et au CHRU de Montpellier :
On parle souvent, dans la littérature – et c’est ce que l’on retrouve dans la pratique – de personnes qui ont eu pu avoir des carences dans l’enfance, des manques, des abus, ou, en tout cas, le sentiment de ne pas avoir été désiré. Cette recherche du désir est importante, on retrouve ça chez nos consommateurs. Cependant, il n’y a pas de profil type, ce n’est pas une classe professionnelle plutôt qu’une autre. Ce n’est pas parce qu’on a été abusé pendant l’enfance, que l’on va devenir pédophile. Effectivement, ça fragilise, surtout si ça n’a pas été pris en charge. On a pas mal de personnes consommatrices qui n’ont pas été prises en charge sur des abus qu’ils ont eux-mêmes subis durant leur enfance, et qui viennent revivre la scène qu’ils ont vécue, via internet, via le téléchargement pédopornographique. Ça, c’est quelque chose que l’on retrouve souvent, et ça vient prendre chez eux un sens particulier. Ça ne les protège pas d’un passage à l’acte dans la réalité.
Il n’y a pas de profil type. Mais, ce sont des personnes qui sont, malgré tout, en souffrance. Vous pouvez retrouver des personnes qui sont déjà passées à l’acte dans la réalité, qui ont peut-être même été déjà entendues pour ce genre de chose et condamnées, et qui essayent de se canaliser, de se limiter, en téléchargeant des images. On a ce type de profil. On a aussi des personnes qui ne font que télécharger, pour ce qu’on sait, qui n’ont eu que des histoires de téléchargement. On a aussi ce type de profil. Et puis, des personnes qui ont pu télécharger et qui, à un moment, vont passer à l’acte, donc qui ont commis les deux, mais dans l’après-coup. On voit bien que ce n’est pas du tout la même chose au niveau criminologique.
Ce sont des personnes, en général, qui sont mariées, ou en tout cas, qui ont des vies tout à fait classiques. Il n’y a pas de profession ciblée. On va dire que c’est un peu Monsieur Tout-le-monde.
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