Qui est pédophile ?
Walter Albardier, médecin psychiatre au Centre Ressources pour Intervenants auprès d’Auteurs de Violences Sexuelles Ile-de-France (CeRIAVSIF) :
Il y a évidemment des représentations, souvent socialement, du pédophile, comment étant la personne qui atteint, qui touche et qui a des actes sexuelles auprès des enfants. Il y a, heureusement, beaucoup de gens qui ont des fantasmes sexuels avec des enfants, qui sont atteints de pédophilie, et qui ne passent pas à l’acte. Cela peut toucher tout type de populations, tout type de niveaux sociaux ou éducatifs, socio-économiques, et puis tout type de structures psychiques.
Est-ce que tous les gens qui ont été victimes de pédophiles deviendront pédophiles ?
Non, c’est vrai que cela a été une grosse inquiétude dans les années 1990, où l’on voyait quelque chose d’assez épouvantable se reproduire d’une génération à l’autre, certainement pas. Et puis à l’inverse, tous les pédophiles n’ont pas non plus été victimes d’attouchements sexuels ou de violences sexuelles pendant leur enfance.
À partir de quel âge peut-on dire que quelqu’un est pédophile ?
Dans les classifications, on dit plus de 16 ans je crois, avec cinq ans d’écart avec la victime. Ce que l’on repère quand même en réalité, souvent, c’est que l’attirance pour un certain type d’âge apparaît relativement tôt. Moi ce que je croise surtout chez mes patients, ce sont des personnes qui, à 12 ans ou 13 ans, sont attirées par des enfants, par des congénères, des gens de leur âge, et plus ils grandissent plus ils se rendent compte qu’ils sont toujours attirés par les enfants de 12 ans ou 13 ans. Et finalement, les écarts se creusent comme ça à l’adolescence. On voit très rarement apparaître, à l’âge adulte, une pédophilie « secondaire », qui apparaîtrait d’un coup, avec un intérêt spontané, brutal, pour des enfants très jeunes. Les choses se creusent peu à peu avec les années.
Patrick Blachère, expert psychiatre, sexologue, vice-président de l’Association Interdisciplinaire post Universitaire de Sexolologie (AIUS) :
Certaines études, même s’il faut les lire avec précaution, parce qu’il y a peut-être des biais méthodologiques, reconnaîtraient une prévalance, donc un pourcentage de 3 % des femmes de la population qui répondraient positivement à des stimuli pédophiles. 3 % des femmes.
Par rapport aux hommes ?
Chez les hommes, les statistiques sont un peu plus importantes, ce serait entre 10 % et 20 %. Donc il y a 10 % à 20 % de la population qui pourrait répondre positivement à des images sexuelles de nature pédophile. Heureusement, il n’y a pas 3 % des femmes qui passent à l’acte, ni 15 % des hommes qui passent à l’acte. Mais c’est important de le savoir : on peut avoir des fantaisies pédophiles, une excitation sexuelle pédophile, réagir positivement à un film pédopornographique, sans pour autant passer à l’acte.
L’intégralité de chacun de ces entretiens est disponible gratuitement sur notre site internet et sur notre chaîne YouTube.