Psys : mon patient regarde des images pédophiles
Magali Teillard Dirat, psychologue clinicienne au Centre Ressources pour Intervenants auprès d’Auteurs de Violences Sexuelles (CRIAVS) Languedoc-Roussillon et au CHRU de Montpellier :
Lorsqu’un patient vient vous voir et se confie à vous, il est important d’accueillir cette parole. Ensuite, vous allez évaluer la situation. Le signalement n’est fait que s’il y a un enfant en danger. Si la personne vient vous voir et vous dit « Je télécharge, je suis consommateur d’images, mais, j’ai envie d’arrêter », mais qu’il n’a pas d’enfant dans son entourage, qu’il n’a pas d’enfant, qu’il ne cherche pas le contact avec des enfants, il n’y a pas lieu de le signaler. Le secret professionnel, que ce soit pour les psychologues, mais aussi pour les psychiatres, ne sera levé que s’il y a un enfant en danger – et c’est à vous de l’évaluer. Les pédophiles sont des personnes accessibles au soin. Parfois, ils imaginent qu’on ne peut pas les aider, mais je crois que si, le soin peut les aider, ils peuvent arriver à canaliser, voire même à endiguer complètement ces fantasmes-là. Il est important d’être dans ce travail de soin là. Mais, on peut effectivement être à même d’avoir ce type de témoignage, de confession. On peut être mis à mal, mais s’il n’y a pas d’enfant en danger, il n’y a pas lieu de signaler. Il n’est pas rare que des patients que vous voyez de manière régulière vous disent « J’ai rechuté ». S’il n’y a pas d’enfant en danger immédiat, je ne pense pas que ce soit très thérapeutique de dire « Police ! »
Par contre, si vous décidez de signaler, je pense qu’il est important que la personne puisse d’elle-même aller au commissariat, dire « Voilà ce que j’ai fait… », plutôt que nous professionnels. S’il ne se sent pas, on le fera, bien sûr. On a l’obligation de le faire. Mais, il est aussi important qu’il puisse faire cette démarche-là, et au niveau judiciaire, ce sera toujours mieux perçu. Et pour eux, c’est aussi une façon de dévoiler ce qu’ils ont fait et de faire une forme de mea culpa, de dire « C’est bon, on met tout sur la table, ce n’est plus juste dans mon histoire, dans ma pensée, dans mon imaginaire. Je mets les choses sur la table et je vais pouvoir me mettre à travailler pour de vrai ». Au niveau thérapeutique, c’est même plutôt une bonne chose.
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