Manga, Lolicon, Shotacon : c’est légal ?
Magali Teillard Dirat, psychologue clinicienne au Centre Ressources pour Intervenants auprès d’Auteurs de Violences Sexuelles (CRIAVS) Languedoc-Roussillon et au CHRU de Montpellier :
Même les mangas pédoporno sont interdits. Ce n’est pas parce que c’est un dessin animé et qu’il n’y a pas de vrais enfants derrière, que c’est légal. Pourquoi ? Parce que ce dont on s’est rendu compte, c’est que ces images vont venir légitimer certains fantasmes, ça va venir faire le vivier de certains fantasmes chez certaines personnes. Et ces fantasmes vont rendre dangereuse cette personne.
Audrey Marlois, juriste spécialisée en criminologie au Centre Ressources pour Intervenants auprès d’Auteurs de Violences Sexuelles (CRIAVS) Champagne-Ardenne :
La Convention Internationale des Droits de l’Enfant définit la pédopornographie comme toute représentation, par de quelque moyen que ce soit, d’un enfant s’adonnant à des activités sexuelles explicites, réelles ou simulées, ou toute représentation des organes sexuels d’un enfant à des fins principalement sexuelles. C’est toute représentation. Donc, un dessin, une vidéo, un jeu… Ce qui pose des difficultés dans certains pays, je pense notamment au Japon, aux manga qui représentent parfois des scènes d’agressions sexuelles d’enfants, mais qui ne sont pas interdites. La production d’images pédopornographiques et la distribution d’images pédopornographiques sont interdites au Japon depuis la fin des années 1990. Depuis l’été 2015, en application de la loi de 2014, c’est la possession de matériel pédopornographique qui est interdite. L’interdiction ne concerne que les vidéos et que les images. Les dessins animés, les bandes dessinées, les jeux vidéo, les images de synthèse qui représentent virtuellement des sévices sexuels, ne sont encore soumis à aucune interdiction.
Magali Teillard Dirat, psychologue clinicienne au Centre Ressources pour Intervenants auprès d’Auteurs de Violences Sexuelles (CRIAVS) Languedoc-Roussillon et au CHRU de Montpellier :
On n’est pas dans Minority Report, on ne peut pas vous empêcher de penser, on n’est pas dans votre cerveau. Donc, si vous avez juste les fantasmes dans votre tête, c’est compliqué pour vous, mais on ne va pas pouvoir vous l’interdire, ce n’est pas possible. Par contre, on va éviter toutes les images d’enfants en position sexuelle, parce que ce sont des images dégradantes et que ça nuit à l’image de l’enfant, et que votre regard sur l’enfant peut en être modifié.
L’intégralité de chacun de ces entretiens est disponible gratuitement sur notre site internet et sur notre chaîne YouTube.