Le plaisir chez l’enfant
Cécile Miele, psychologue et sexologue au Centre Ressources pour Intervenants auprès d’Auteurs de Violences Sexuelles (CRIAVS) Auvergne et au CHU de Clermont-Ferrand :
Va être associée la relation à l’autre, la satisfaction d’un besoin… On prend la phase orale : la satisfaction du besoin de manger va être associée à la tétée, qui va être associée à quelque chose de très affectueux avec la personne qui lui donne à manger, et d’un seul coup on va développer cette zone érogène qui est la zone buccale. Et puis, avec cette zone érogène, l’enfant va s’adonner à ce qu’on appelle des comportements auto-érotiques, c’est-à-dire que en l’absence du repas, l’enfant va se mettre à téter tout seul, parce qu’il se rend compte que c’est un plaisir en soi.
C’est agréable.
C’est agréable, c’est devenu un plaisir. Et ça, c’est quelque chose qui va advenir sur l’ensemble du parcours et il va développer au fur et à mesure l’ensemble des parties de son corps comme étant érogènes. Érogène au sens de sensible, c’est-à-dire soumise au plaisir ou au déplaisir, mais il va se tester là-dessus. Il va tester avec l’autre, puis il va tester tout seul, avec des comportements auto-érotiques.
Ève Pilyser, psychologue clinicienne, psychanalyste jungienne, membre de la Société Française de Psychologie Analytique et de l’Association de Psychanalystes et Psychothérapeutes Jungiens :
L’enfant éprouve un plaisir, et un plaisir qui est indifférencié entre le sensoriel et le sexuel, à tout un tas d’activités. Ça commence par la tétée et ça se poursuit dans les câlins, dans tout un tas de choses qu’il a à vivre et qui font parties de son apprentissage.
C’est-à-dire que le corps est sensible aux caresses à partir du moment où on sort du ventre de sa mère et jusqu’à son dernier souffle ? Donc les zones sexuelles sont sensibles ?
Oui, et l’enfant se masturbe, et ce très très tôt. Il y a même eu quelques images échographiques montrant des fœtus s’adonnant à cette occupation.
Qu’est-ce qu’on va dire à un enfant qui se masturbe dans le salon ?
S’il fait ça, c’est qu’on ne lui a pas dit avant. C’est qu’il est vraiment dans la provocation.
Les parents doivent réagir ?
Bien sûr ! Les parents doivent réagir dès la première fois où un enfant est dans cette activité-là, sous leurs yeux. Lui dire que il est en train d’avoir une activité qui lui fait plaisir, et que c’est quelque chose qu’il a tout à fait le droit de faire et que tout le monde fait, mais par contre, que c’est quelque chose d’autre privé. Et donc, quand il a envie de faire ça, il faut qu’il aille dans sa chambre ou dans un lieu où il peut être isolé, et qu’on a pas besoin de le savoir et qu’on n’a pas à le voir. Et chacun fait la même chose, chacun se conduit de la même façon, personne ne vient lui imposer ça. Un enfant qui a été élevé dans de bonnes conditions le comprend et une ou deux fois lui suffisent.
L’intégralité de chacun de ces entretiens est disponible gratuitement sur notre site internet et sur notre chaîne YouTube.