L’addiction aux images pédophiles
Magali Teillard Dirat, psychologue clinicienne au Centre Ressources pour Intervenants auprès d’Auteurs de Violences Sexuelles (CRIAVS) Languedoc-Roussillon et au CHRU de Montpellier :
On a des patients, pour qui, même avec toute la volonté du monde, c’est très envahissant. Ils y pensent beaucoup, et du coup, ils y retournent. C’est très compliqué de s’arrêter. C’est un vrai problème. C’est majeur pour eux, parce que c’est très envahissant et ils n’ont pas envie de penser à ce genre de chose. Donc, on a des déconditionnements, parce qu’ils sont complètement conditionnés.
Si vous êtes, jeune, conditionné à être attiré par la blonde à forte poitrine, vous allez chercher la blonde à forte poitrine. Parce que vous l’avez vue dans le porno, elle est très excitante, cette blonde à forte poitrine. Vous allez être conditionné à ça. Mais, si à un moment, on vous en montre une, brune, mais sans poitrine… Il faut déconditionner cette attirance et ce désir, pour le faire évoluer. C’est possible.
Mais, ce n’est pas simplement en remettant les choses un peu dans l’ordre, en disant « Attention ». C’est important de leur dire « L’enfant doit être à sa place d’enfant ; et l’enfant que vous avez été n’a pas à se sentir responsable de ce que l’adulte a pu lui faire et il n’a pas à avoir de sexualité avec l’adulte, parce que chacun doit rester à sa place ; on doit découvrir son corps par soi-même ». C’est déjà beaucoup, quand on leur dit ça, mais ça ne suffit pas. Il faut aller au-delà et travailler sur ce conditionnement qui a été mis en place, et pour qui, parfois, dure depuis des années.
Depuis la puberté, parfois ?
Oui. Il y en a pas mal qui rentrent dans cette consommation-là par le porno, au moment de la puberté. En cherchant du porno, ils tombent là-dessus, ça leur plaît un peu plus et ils restent figés. On a pas mal de téléchargeurs, et ça, on s’en rend compte, d’où l’idée de faire vraiment attention au niveau du porno vu par les ados, de ne pas banaliser en disant « Ce n’est pas grave, ils apprennent ». Non. Il faut leur expliquer sur quoi ils peuvent tomber, ce qui est interdit et ce qui n’est pas interdit, et qu’à partir du moment où ce sont des jeunes enfants, ou même des mineurs, c’est illégal.
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