Discuter avec des enfants sur internet : que dit la loi ?
Violaine Chabardes, adjudante-Chef, commandant la Brigade de Prévention de la Délinquance Juvénile (BPDJ) de Lyon, Gendarmerie nationale :
Il est interdit de prendre contact avec un enfant sur Internet et de lui faire des propositions sexuelles, amoureuses, ou de donner rendez-vous ?
Oui c’est interdit. C’est quelque chose qui est de plus en plus utilisé par des gens qui aiment avoir un contact avec les enfants, dans le sens péjoratif du terme, et qui prennent beaucoup de temps sur les réseaux sociaux, à mettre en confiance les enfants, qui souvent sont des enfants qui sont tout seuls avec leur ordinateur, ou en tout cas tout seul dans une zone de la maison, de l’appartement, ils n’ont pas de référent à côté, et ils sont un peu perturbés par cette communication, qui se fait tout en douceur. Rarement l’adulte, puisque souvent il s’agit d’adultes, rarement l’adulte va lui imposer des termes sexuels non appropriés. C’est vraiment tout en douceur, avec un langage d’adolescent, qui est adapté, avec des connaissances sur les loisirs ou ce qu’aiment les ados, et ça va parfois durer des semaines ou des mois, avant qu’il y ait une connotation sexuelle. Et là, le piège se referme, puisque l’enfant nous dit, quand on l’auditionne : « Mais je le connaissais, j’avais tellement confiance en lui qu’à partir du moment où il a parlé de sexualité, c’était presque normal ». Et certains se font piéger, certains vont donner des images de leur corps, ou être tentés d’aller en rendez-vous avec cet adulte anonyme. On pourrait se dire qu’au rendez-vous, ils vont bien se rendre compte, que l’adulte ne correspond pas forcément à l’interlocuteur auquel ils pensaient, mais ça ne les arrête pas toujours. Une fois qu’ils sont devant le correspondant, ils se disent « Bon, finalement, je ne vais pas m’arrêter à l’enveloppe corporelle, on se connaît depuis tellement longtemps, c’est pas grave ; il a dix ans de plus mais c’est pas grave ». Et on a des adultes qui arrivent à agresser des adolescents de cette façon-là.
On n’a pas le droit de contacter des enfants, de leur faire des propositions sexuelles dans la vraie vie, mais aussi sur Internet, d’envoyer des photos de soi nu, des photos de son corps, de demander à l’enfant de se prendre en photo nu ou d’allumer sa webcam ?
Non, c’est très clair, on n’a pas le droit d’entrer en contact avec un mineur de moins de 15 ans, avec tout ce qui est en rapport aux connotations sexuelles.
L’intégralité de chacun de ces entretiens est disponible gratuitement sur notre site internet et sur notre chaîne YouTube.